Maisonart
Galerie et Studio de John Wiseman

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"Les Joyaux défendus"

Quand je suis confronté à la question ‘’qu’est-ce qui vient en premier, l’œuf ou la poule?’’ , la réponse, pour moi est simple… l’œuf bien sur!  Toute ma vie j’ai été fasciné par la nature mais mon intérêt pour l’ornithologie ne s’est pas vraiment développé  avant que je ne sois en 7ième année dans une petite école près de Barrie en Ontario. C’est là où  j’ai entendu parler d’un camarade de classe qui avait une collection d’œufs. Je n’avais jamais vu une collection d’œufs avant, mais l’idée d’en faire une avait piqué ma curiosité.  Je suis donc allé voir le garçon en question, je me suis introduit et lui ait demandé s’il serait possible de voir sa collection. Il m’a donc invité chez lui où, sous mes yeux ébahis, il m’a présenté avec fierté son trésor avien. Sa collection était modeste, mais bien présentée, les œufs placés dans de la sciure de cèdre dans de vieilles boites à cigares. Cette rencontre marquait le début d’une amitié de toute une vie avec John Moore. Et découvrir la variété et la beauté de ces œufs a allumé en moi un feu qui brûle toujours avec la même intensité cinquante ans plus tard.


Rapidement nous avons appris que non seulement il était tabou de collecter les  œufs d’oiseaux mais que c’était surtout illégal! D’où le titre de cette série d’aquarelles.  Ce qui a réorienté nos efforts  de la recherche d’œufs à la collecte d’information sur les nids que nous découvrions. J’ai commencé à fournir des données sur les nids d’oiseaux au programme du “Royal Ontario Museum” sur les oiseaux nicheurs. Le sentiment d’accomplissement éprouvé à contribuer à ce programme a rapidement supplanté le désir de collectionner des œufs et le vrai défi est devenu l’étude du comportement des oiseaux et de la diversité des habitats… savoir où et comment regarder. 
En plus de la satisfaction de représenter la beauté inhérente à une collection d’œufs, j’ai pensé qu’il serait intéressant de montrer l’un des plus beaux objets naturels que nous avons rarement l’occasion d’observer.  Partiellement à cause de leur fragilité et parce que les musées ne veulent pas stimuler par mégarde la collecte illégale, les collections d’œufs sont typiquement entreposées loin des yeux, loin de l’esprit. La collection d’œufs n’est plus à la mode après avoir été très populaire de la fin des années 1800 jusqu’aux années 1930. Il y eu un temps où il existait des listes de prix pour les collectionneurs d’œufs avec les espèces les plus rares demandant les plus hauts prix. Dans les années 1800, la coquette somme de $350.00 pouvait acheter un œuf du Condor de la Californie. Les nids de faucons pèlerins étaient systématiquement pillés année après année de sorte que les adultes ne pouvaient jamais produire de jeunes. On peut facilement s’imaginer les problèmes que cette pratique engendrait.
Les œufs illustrés ici représentent de ce qui reste d’une grande collection  assemblée par des collectionneurs de musée et certains œufs sont datés de la fin des années 1800. Alors que je travaillais au Centre d’interprétation du Marais Wye en 1974, j’ai passé beaucoup de mes temps libres à nettoyer et organiser une vieille collection qui avait été donnée au centre.  Il y avait des centaines d’œufs avec beaucoup d’espèces rares et des couvées complètes. Quelques années plus tard alors que je revisitais le centre d’interprétation j’ai aperçu le cabinet de chêne qui abritait la collection. Quelle déception de découvrir que la collection était dans un état déplorable. Ce qui avait pris des milliers d’heures de recherche sur le terrain était maintenant en ruine. Bon nombre d’œufs avaient simplement disparus, d’autres étaient en miette, les ensembles brisés. Une telle collection est irremplaçable, quasi impossible à refaire de nos jours. Incroyable qu’elle ait subi un tel abus.  Je regrette de ne pas l’avoir photographié alors qu’elle était encore parfaite.  
Des quelques 10,000 espèces d’oiseaux qui existent de nos jours, certaines espèces présentent encore un mystère, leurs œufs n’ayant jamais été vus par l’œil humain.  Composante critique de la biologie des oiseaux, les études d’œufs et de collections  nous permettront de comprendre comment les oiseaux s’adaptent, ou non, à un environnement toujours changeant.


Simplement, mon intention ici est d’illustrer la beauté intrinsèque et la symétrie des œufs d’oiseaux, de montrer leur immense diversité et leurs motifs infinis, d’enrichir et d’inspirer l’imagination. Chaque œuf est comme une empreinte digitale, il n’y en a pas deux pareils. Dans les confins de leur forme précise,  ils représentent la plus belle contribution de la nature à l’art abstrait.  

 

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